Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

devenus cultivateurs et de ses camarades de classe devenus artistes ou commerçants… Une admiratrice des Chansons d’Amour et des Chansons rouges me disait, l’autre jour, à la Chambre : « Mais enfin, à quelle place, dans quel groupe siège donc Maurice Boukay ? — Comme Lamartine, madame, au plafond ! « [Le Grand Guignol, 27 janvier 1898.)

Dans sa Préface aux Chansons d’Amour (1893), Paul Verlaine présente en ces termes le jeune auteur au public : « Voici donc enfin retrouvée la « bonne chanson », si j’ose m’exprimer ainsi, non plus celle si piquante de Désaugiers, si correcte de Béranger, si bourgeoise dans le bon sens de Nadaud, mais plutôt, à mou avis, la chanson simple et vivante, dans le goût de Pierre Dupont, avec je ne sais quoi de la grâce du xvm« siècle et la poésie vraie. Oh ! la simplicité ! l’amour sincère et sans nulle crainte d’être ingénu, l’expression de cet amour franc, net, chaste, — parce qu’il est sincère, et pur, puisqu’il est ingénu ; l’accent juste sans plus ; le cri, en quelque sorte, de la passion, le cri non pas tout à fait, le chant vibrant, la note vraie du cœur, —et des sens aussi. »

M. Sully Prudhomme salue dans les Nouvelles Chansons (1895) « un précieux renouveau de la bonne humeur française, rajeunie par un mélange mesuré d’émotion tendre, aussi éloignée que possible de la fadeur sentimentale qui définit la romance ». « M. Maurice Boukay et les poètes-chansonniers de Montmartre et du Chat Noir, ajoute-t-il, ont triomphalement régénéré la gaieté parisienne qui rayonne au loin… C’est grâce à eux que l’esprit a recouvré ses droits dans le domaine de la chanson, cet esprit qualifié gaulois, qui n’empoisonne pas ses traits, mais, au contraire, en assainit la pointe trempée de bon sens, de justice et de charité même, car souvent les piqûres en sont vengeresses de la misère. »

Rappelons que ce fut M. Charles Couyba qui posa, le 12 février 1906, à la Chambre, la question du prix de Borne de poésie, alternant avec un prix do Home pour les prosateurs, « Bourse nationale de Voyage littéraire » dont la création était demandée par M. Emile Blé mont, au nom de la Société des Poètes français. Ces prix furent institués en avril 1906.