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Le soleil joue en paix dans leur couronne antique
Et frappe en flèches d’or leurs fûts blancs vigoureux.

Salut, rois invaincus des hauteurs virginales !
Oui, la jeunesse en vous circule par torrents,
Vous aimez vous sentir frissonner aux grands hâles
Quand sous vos rameaux verts fermente le printemps.

Non, vous ne croissez pas dans les ravins vulgaires,
Dans les riches vallons, sur les gazons soyeux ;
Dans le désert sauvage, où pleurent les bruyères,
Vos faîtes vont humer l’azur foncé des cieux.

Vous couronnez ces monts de votre mâle souche,
Et point de pics si hauts, de rocs assez ingrats,
Où debout sur l’abîme et sous un ciel farouche
A tous les quatre vents vous n’ouvriez vos bras.

Et lorsque l’un de vous, seul, roidi sur sa roche,
Tombe aux coups de l’orage, il tombe le front haut,
Il tombe comme un preux sans peur et sans reproche,
Et des gerbes de fleurs lui font un gai tombeau.

Comme un roi dans sa pourpre il dort couché dans l’herbe,.
Il dort calme et puissant de son dernier sommeil ;
Il a dans sa forêt poussé libre et superbe,
11 a vécu cent ans d’air vierge et de soleil.

L’AUBÉPINE ET L’ÉTOILE

L’aubépine dit à l’étoile :
« Bel astre d’or du sombre azur,
Qui me regardes de la toile
Du firmament tranquille et pur,

« Dis, me vois-tu ? Je viens d’éclore
Au bord du verdoyant talus ;
Je suis blanche étoile à l’aurore,
Et demain je ne serai plus.

« Tu reluis, reine, en ton cortège ;
Nul n’a jamais compté tes jours ;
Je viens et passe comm5 neige,
Mais toi, tu brilleras toujours.