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RAOUL GINESTE 433


Pour les illusions perdues,

Pour le grenier, pour les vingt ans,

Pour les fauvettes entendues

Par un beau matin de printemps ;


Pour les lilas, les chrysanthèmes,

Les lettres d’amour, les parfums.’

Les baisers, les instants suprêmes,

Les cheveux, les bonheurs défunts’.


Les snobs avec leurs snobinettes

Savourent les couplets pleurards ;

Leurs nez, discrètes clarinettes,

Les soulignent de leurs canards’.


Il est admis dans l’assistance

Qu’on doit larmoyer d’être aimé

Et, moins les pleurs ont d’importance,

Plus le mouchoir est parfumé !


Dans un mois, pour les mêmes choses

Avec d aussi bonnes raisons

L’Etoile cueillera des roses

Et fera rire ses chansons.


Saluant les mêmes sornettes

D’un bon rire délibéré,

Les snobs avec leurs siobinettes

Riront comme ils avaient pleuré !


Tu demandes pourquoi je pleure.’

Tu demandes pourquoi je ris ?

Je pleure ou je ris, suivant l’heure

Pour le bon plaisir de Paris. ’


{Soirs de Paris.)