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JEAN HIROUX


Le front bas, l’œil éteint et le geste hideux,
Cicérone interlope à la porte des gares,
Ramasseur breveté de vieux bouts de cigares,
Il fait tous les métiers louches et hasardeux.

Aigri par la misère et rongé par la haine,
Il va, rôdeur sinistre et ténébreux, glissant
Aujourd’hui dans la boue et demain dans le sang.
Épouvante et rebut de la famille humaine.

Refusant du travail et demandant du pain.
Comme un loup en maraude il poursuit son chemin,
Prêt à mordre et montrant ses mâchoires hardies ;

Et quand l’émeute gronde au sein des carrefours,
On entend sa voix rauque, et l’on revoit toujours
Son œil rouge, embrasé de lueurs d’incendies.


{Satires Contemporaines.)