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classiques, M. Chantavoine, comme il le dit lui-même dans la préface des Poèmes sincères, s’en est toujours tenu à ces premières admirations. Shakespeare, Gœthe, les grands poètes du XIX » siècle, Victor Hugo, Lamartioe, Alfred de Musset, lui ont fait connaître d’autres jouissances, mais sans le rendre indifférent ou infidèle aux maîtres qu’il avait tout d’abord connus et aimés. « Tous ceux qui aiment les solides vertus classiques, l’émotion sans fracas, l’élévation sans raideur, la correction sans effort, goûtent vivement sa poésie délicate et sincère, où la noblesse du sentiment est heureusement soutenue par l’harmonie du rythme et une rare pureté de la forme ». (Petit de JULLEVILLE.)




BERCEUSE


La paupière demi-close,
À l’ombre du blanc rideau.
Comme un oiseau qui se pose.
L’enfant dort dans son berceau.

Le bon ange qui le veille
Le berce pour l’apaiser,
Et tout bas, à son oreille,
Lui chante dans un baiser :
Do, do, l’enfant do.
L’enfant dormira bientôt.

Au travers de la fenêtre,
Avec un bonheur joyeux.
Le soleil entre et pénètre.
Comme un voisin curieux.

On abrège sa visite
A grand renfort de volets.
Et la lumière éconduite
Eteint ses derniers reflets.
Do, do, l’enfant do,
L’enfant dormira bientôt.

Afin que l’horloge meure,
On retient le balancier ;
Le lutin bruyant de l’heure
Suspend son marteau d’acier ;