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Tandis qu’à leurs artères vides
Le sang s’égoutte en derniers pleurs.

« Las ! dit-il, encore une goutte,
Et sans être de tes élus
Je meurs ; mais tel que tu voulus,
Sans blasphème, regret, ni doute.
Au bout de cette horrible route
T’aimant toujours de plus en plus.

— Las ! dit-elle, oh ! la folle envie
Que j’ai de tenir mon serment !
Car je t’aime aussi, cher amant.
Mais quoi ! Pauvres spectres sans vie,
A notre amour inassouvie
Il ne reste plus d’aliment.

— Si, dit-il. Unissons-nos râles !
Ensemble ils vont agoniser.
Une larme vient d’iriser
Tes beaux yeux aux troubles opales.
II nous reste nos lèvres pâles.
Cela suffît pour un baiser. »

Et, la prunelle à sa prunelle,
Sur sa bouche qu’elle lui tend
Exhalant son souffle, y mettant
Toute sa vie allée en elle,
Il but à la source éternelle
Pendant ce baiser d’un instant.


(La Bombarde.)


TROIS PETITS OISEAUX DANS LES BLÉS


Au matin se sont rassemblés
Trois petits oiseaux dans les blés.

Ils avaient tant à se dire
Qu’ils parlaient tous à la fois,
Et chacun forçait sa voix.
Ça faisait un tire lire,
Tire lire la ou la.
Un vieux pommier planté là