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Et Ion lan la,
Va chez sa mère et la tue,
Lui prit l’cœur et s’en courut.

Comme il courait, il tomba,
Et Ion la laire,
Et Ion lan la,
Comme il courait, il tomba.
Et par terre l’cœur roula.

Et pendant que l’cœur roulait.
Et Ion la laire,
Et Ion lan la.
Et pendant que l’cœur roulait,
Entendit l’cœur qui parlait.

Et l’cœur lui dit en pleurant.
Et Ion la laire,
Et Ion lan la.
Et l’cœur lui dit en pleurant :
T’es-tu fait mal, mon enfant ?


LE BAISER DE LA CHIMERE


Quand il fut devant la Chimère,
Elle eut un féroce clin d’œil,
Et, dans un rire aigre d’orgueil
Qui retroussait sa lèvre amère,
Elle s’écria : « Que ta mère,
Pauvre petit, prenne le deuil !

« Car tous ceux qui m’ont désirée
Sont morts dans d’horribles travaux,
Sans voir, souvent, si je les vaux,
Moi qui manque à la foi jurée,
Moi, la chienne ayant pour curée
Le cœur de mes meilleurs dévots.

« Je promets en effet ma couche
À qui m’adore aveuglément ;
Mais quand l’acier, pris à l’aimant,
Va s’y joindre, avant qu’il le touche
Je détourne parfois ma bouche,
Et l’on meurt de rage en l’aimant.