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Que le hasard avait grand soin
De lui garder toujours un coin
Bien chaud dans les meules de foin,

Qu’il avalait à pleine tasse
Le vin frais, si doux quand il passe,
Et la bonne soupe bien grasse,

Et qu’il avait beau voyager,
Lui l’inconnu, lui l’étranger.
Chacun lui donnait à manger,

Et que les gens sont charitables
D’ouvrir au pauvre leurs étables,
De lui faire place à leurs tables,

Et que nulle part, même aux cieux,
Les misérables ne sont mieux
Que sur terre ; et le pauvre vieux

Voudrait voir la prochaine aurore
Et ne pas s’en aller encore
Vers l’autre monde qu’il ignore ;

Et la vie est un si grand bien.
Que ce vieillard, ce gueux, ce chien,
Regrette tout, lui qui n’eut rien.


(La Chanson des gueux.)


LA CHANSON DE MARIE-DES-ANGES


Y avait un* fois un pauv’ gas.
Et Ion la laire,
Et Ion lan la,
Y avait un’ fois un pauv’ gas,
Qu’aimait cell’ qui n’I'aimait pas.

Ell' lui dit : Apport’-moi d’main
Et Ion la laire,
Et Ion lan la,
Ell' lui dit : Apport’-moi d’main
L’coeur de ta mèr’ pour mon chien.

Va chez sa mère et la tue
Et Ion la laire,