Que de fois le battement d’ailes
D’un vol de blanches colombelles
A fait fuir mes pensers rebelles,
Qui dans l’air partaient avec elles !
Que de vers, à peine ébauchés,
Les perdreaux dans les champs cachés,
Par ma venue effarouchés,
En s’envolant m’ont arrachés !
Maintenant, toutes ces pensées
Planent, doucement balancées,
Et par les brises cadencées
Au loin mollement sont poussées !
Posés sur les feuillages verts,
Ou bien voltigeant à travers
La vague immensité des airs,
Les oiseaux gazouillent mes vers.
De sa ceinture de glaçons
La campagne s’est dépouillée,
Et dans la plaine encor mouillée
Courent de langoureux frissons ;
La brise agite les buissons ;
L’herbe qui pousse est émaillée
Des pleurs de l’aube, et la feuillée
Retentit de mille chansons ;
La fauvette, ivre de rosée,
Sur sa branche verte posée,
Gazouille en l’honneur du printemps ;
La brume grise s’évapore,
Et monte en nuages flottants
Sur les bois que le soleil dore !