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LUDIBRIA VENTIS

Que de fois le battement d’ailes
D’un vol de blanches colombelles
A fait fuir mes pensers rebelles,
Qui dans l’air partaient avec elles !

Que de vers, à peine ébauchés,
Les perdreaux dans les champs cachés,
Par ma venue effarouchés,
En s’envolant m’ont arrachés !

Maintenant, toutes ces pensées
Planent, doucement balancées,
Et par les brises cadencées
Au loin mollement sont poussées !

Posés sur les feuillages verts,
Ou bien voltigeant à travers
La vague immensité des airs,
Les oiseaux gazouillent mes vers.


(Poésies.)


SONNET


De sa ceinture de glaçons
La campagne s’est dépouillée,
Et dans la plaine encor mouillée
Courent de langoureux frissons ;

La brise agite les buissons ;
L’herbe qui pousse est émaillée
Des pleurs de l’aube, et la feuillée
Retentit de mille chansons ;

La fauvette, ivre de rosée,
Sur sa branche verte posée,
Gazouille en l’honneur du printemps ;

La brume grise s’évapore,
Et monte en nuages flottants
Sur les bois que le soleil dore !


(Poésies.)