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Mais à quoi bon sur les problèmes
Rêver, la tête dans les mains ?
A quoi bon bâtir des systèmes
Dans le granit des droits humains ?
A quoi bon pour la République
Tomber comme un héros antique
Dans le roulement des tambours,
Si la charité s’éternise
Sous le sceptre d’or de l’Eglise,
Et s’il est des pauvres toujours ?

IV


Ah ! quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse,
Nous voulons, ô Société !
Trouver contre le vent qui passe
Un abri dans l’Egalité !
Comme les heureux et les sages
Nous voulons, sous les verts ombrages,
Ecouter le chant d’un oiseau,
Nous faire un bonheur sans mélanges,
Et nous aussi dans de beaux langes
Endormir nos fils au berceau.

Nous voulons, créant sans secousse
L’apaisement universel,
Sur les charniers où l’herbe pousse
Bâtir l’atelier fraternel ;
Nous voulons l’aurore nouvelle,
L’amour ouvrant partout son aile,
Le ciel plus doux, l’homme meilleur,
Et dans l’existence éphémère,
Ce qu’on appelle la chimère
De notre siècle travailleur.

Nous voulons aimer, chanter, vivre,
Vider les coupes de l’espoir,
Apprendre à lire dans le livre
De la Science et du Devoir ;
Et nous voulons, si nos épouses
Ont rêvé de rendre jalouses
Les étoiles des firmaments,