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Mais la nuit vient voiler les plaines infinies,
Immensité de brume où s’endorment, mêlés,
Poèmes de fraîcheur et fauves harmonies,
Les lins bleus, lacs de fleurs, les verdures brunies,
L’œillette, blanche écume, et l’Océan des blés.


(Les Champs et la Mer.)


LA PAIX DES BOIS


Une eau paisible dort son doux sommeil sans rides
Sous le bois, brun miroir qu’aucun vent n’a troublé ;
Dans l’ombre et la fraîcheur, l’or vert des cantharides
Luit sur le frêne ; au loin, de ses rayons torrides,
Lorsque le fauve été fait flamboyer le blé,
Sous le bois, brun miroir qu’aucun vent n’a troublé,
Une eau paisible dort son doux sommeil sans rides.

Parsemant le gazon sombre de fleurs de feu,
Le gai soleil se joue au milieu du mystère ;
Çà et la le feuillage obscur s’écarte un peu,
Et le tranquille ciel, d’un regard calme et bleu,
Azure, par endroits, cet abri solitaire
Où le gai soleil joue au milieu du mystère,
Parsemant le gazon sombre de fleurs de feu.

Le cordial parfum de la menthe sauvage
Circule dans l’air pur où passent les chansons
Du jaune loriot, du merle au noir plumage ;
Le frêle roitelet y mêle son ramage,
Et tandis qu’il sautille au cœur brun des buissons,
Circule, dans l’air pur où passent les chansons,
Le cordial parfum de la menthe sauvage.
C’est là que le poète amoureux va s’asseoir,
Loin des bruits importuns et des gloires du monde,
Car il aime ce lieu, surtout quand, vers le soir,
Le grand soleil, qui semble un immense ostensoir,
Resplendit au travers des branches qu’il inonde.
Loin des bruits importuns et des gloires du monde.
C’est là que le poète amoureux va s’asseoir.
Il suit son rêve errant sur le miroir sans rides,
Et, libre des soucis dont son cœur fut troublé,