Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t1.djvu/576

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qui de la mer montaient comme un hymne au ciel pur.
Vous sembliez sourire et marcher dans l’azur,
Gaie et fraîche, et pourtant plus pâle encor que rose.
Et moi, vos moindres mots m’attendrissaient sans cause ;
Mais si profondément, que j’aurais devant vous,
Comme un prêtre à l’autel, plié les deux genoux,
Et que je demeurais muet, l’âme ravie,
Tout éperdu devant la beauté de la vie.


STANCES


« Tu m’appelles ta vie, appelle-moi ton âme ;
Car l’âme est immortelle, et la vie est un jour. »
Pourquoi devant ce ciel que le couchant enflamme
Me suis-je souvenu de ces deux vers d’amour ?

Si celle dont je rêve était ma fiancée,
Comme je lui dirais ces vers que j’aime tant,
Comme elle en comprendrait la sublime pensée,
La langueur pénétrante et le charme attristant !

« Tu m’appelles ta vie, appelle-moi ton âme. »
— Ton âme ! mot si vague, et cependant si doux,
Si pur, lorsqu’il est dit par des lèvres de femme
A l’amant qui se meurt de tendresse, à genoux !

S’il existait un mot plus pur, plus doux, plus tendre,
C’est celui-là qu’à l’heure où le soleil s’endort,
Des lèvres que je sais mon cœur voudrait entendre,
Lorsque tout l’horizon se vêt d’opale et d’or.

« Appelle-moi ton âme… » Il est suave et triste,
Ce cri d’amour : « Ton âme… » Et sais-je seulement
Si l’âme est immortelle et si cette âme existe ?…
Pourtant je ne dirai jamais que ce cri ment.

Oui ! quand je serais sûr que le mot d’outre-tombe
N’est rien que le néant et l’oubli d’ici-bas,
Toujours je te dirais, lorsque le soleil tombe :
x Appelle-moi ton âme, » et ne mentirais pas.

« Ton âme… » quelque chose en toi de si céleste
Qu’aucun terrestre ennui ne le saurait flétrir ;