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Que j’ai vu le soleil généreux disparaître,
Je me trouve perdu dans l’énorme univers I

Sur le bord des chemins, je m’arrête et j’écoute,
Je sonde vainement des horizons plus noirs,
Et je sens la froideur désolante du doute
Pénétrer en moi-même avec le froid des soirs.

Beaux soleils regrettés à la lumière enfuie,
Pénombre des vallons, silence obscur des bois,
Ah ! vous savez combien l’on peut mourir de fois
Sans quitter la douleur et sans quitter la vie !


(De la terre aux étoiles.


UNE LUMIÈRE DANS LA NUIT


Les campagnes au loin dorment, silencieuses ;
Sous le ciel automnal les dernières des fleurs
Embaument, serpolets, menthes et scabieuses ;
L’horizon s’est fondu dans de grises couleurs ;
Les blancheurs des chemins s’en vont silencieuses.

Au milieu des talus sablonneux et déserts
Des arbres hérissés se tordent dans la brume ;
Les tristesses du soir s’épandent dans les airs ;
Une étoile parfois, vague comme une écume,
Plane sur les talus sablonneux et déserts.

Mais, là-bas, tout à coup, scintille, solitaire,
La tremblante clarté d’une lumière d’or.
C’est la Religion qui veille sur la Terre
Dans la chapelle étroite et simple où brille encor
Au pied d’une madone un cierge solitaire.

La chapelle se dresse entre deux sentiers verts.
Quelle main a placé cette étrange lumière ?
Est-ce un marin sauvé de la fureur des mers ?
Est-ce quelque amoureux à la chaude prière ?
Peut-être a-t-on pleuré près de ces sentiers verts !

Qui que lu sois, croyant, bonne âme à Dieu fidèle,
— Jeune homme au désespoir plaintif, — marin fervent,
— Femme inconnue au cœur blessé, peut-être belle, —