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a publié des revues illustrées des Salons et des expositions de peinture. Il a fourni en outre le texte de plusieurs belles publications illustrées, telles que Floréal (1891) et La Russie illustrée (1891). Enfin, sous le titre de Portraits et Souvenirs, il a réuni un certain nombre d’articles parus de 1866 à 1891.

Son activité littéraire s’est traduite aussi au théâtre, pour lequel il a composé et fait représenter des pièces diverses allant de l’opérette-bouffe au mystère religieux.

Armand Silvestre a été, dit M. Jules Lernaitre, « l’un des plus lyriques, des plus envolés, des plus mystiques et des mieux sonnants parmi les lévites du Parnasse… Chez ce Panurge bien en chair, il y eut un Hindou, un Grec, un Alexandrin. »

Et dans la Vie littéraire (1892), M. Anatole France caractérise comme suit le monde poétique « impalpable, impondérable », d’Armand Silvestre : « Les personnages qu’il crée dans ses magnifiques sonnets sont affranchis du temps et de l’espace. Et, par un contraste singulier, ce monde diaphane est un monde sensuel ; la passion qui règne dans ces espaces éthérés est la passion de la chair. C’est le miracle de ce poète : il fait subir aux corps une sorte de transsubstantiation et tire de la volupté physique un mysticisme exalté. Je me figure quelques-unes des très belles strophes de M. Silvestre écrites en grec, à Alexandrie, et lues dans la fièvre par quelques disciples de Porphyre ou de Jainblique, et j’imagine que plus d’un aurait saisi dans ces vers des sens symboliques et métaphysiques. Les enthousiastes (il n’en manquait pas alors) eussent salué en l’amante du poète une nouvelle Sophia ; les Renaissances et la Gloire du souvenir, venues à cette heure de l’humanité, eussent donné naissance à une doctrine hermétique… A un certain degré d’exaltation, le mystique et le sensuel sont amenés à échanger leur domaine. Sainte Thérèse donne à l’amour de Dieu les caractères d’un amour physique, et Armand Silvestre prête à la volupté charnelle la noblesse des voluptés idéales. »