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année 284, qui était pour eux l’an 287 de J. C. et l’an du monde 6787, devint l’an 277 de J. C. et l’an du monde 5777.

Ainsi, pour les temps antérieurs à l’an 284, les Alexandrins donnent à la naissance de J. C. une date plus ancienne de trois ans ; et, à partir de l’an 284, ils lui donnent au contraire une date de sept ans plus récente.

§II. ère mondaine d’antioche.

Une réforme introduite vers la fin du ive siècle dans le système de Jules Africain donna naissance à une ère nouvelle qui fut en usage, dit-on, dans l’église d’Antioche. Panodore, moine égyptien, auteur de cette réforme, retrancha dix ans aux calculs de Jules Africain, en sorte que l’an du monde 5490 répondit à l’an 5500 des Alexandrins. Mais comme en 284 les Alexandrins avaient aussi retranché dix années aux calculs de Jules Africain, à partir de la réforme de 284, l’ère mondaine d’Antioche se confond avec l'ère mondaine d’Alexandrie. Seulement il faut remarquer que, dans l’ère d’Antioche, la première année de l’ère chrétienne concorde avec la fin de l’année 5493 et le commencement de l’année 5494 ; tandis que, depuis la réforme des calculs de Jules Africain, la première année de notre ère correspond à la seconde partie de l’année 5490 et à la première partie de l’année 5491 de l’ère mondaine d’Alexandrie.

§III. ère mondaine de constantinople.

Suivant l’ère de Constantinople, les huit premiers mois de la première année de l’Incarnation correspondent aux huit derniers mois de l’an du monde 5509. Cette ère, qui date du milieu du viie siècle, a été depuis cette époque constamment suivie par l’église grecque. Elle a été en usage chez les Russes jusqu’à Pierre le Grand. On distingue, dans l’ère de Constantinople, l’année ecclésiastique, qui a commencé tantôt au 21 mars, tantôt au 1er avril ; et l’année civile, commençant au 1er septembre[1]. Les auteurs de l’Art de vérifier les dates présument qu’il pouvait y avoir aussi une autre année civile, qu’ils appellent romaine ou consulaire, et qui aurait commencé au 1er janvier.

  1. Les diplômes grecs de Roger, roi de Sicile, fournissent plusieurs exemples de l'emploi de dette ère. Un de ces actes, qui correspond à l'an de J. C. 1130, se termine ainsi : Ἐγράφη έν τῂ παρὰ τοὺ κράτους πολες Μεσσήνῃ μηνὶ Μαίῳ ιωδ. ή ἐν τὼ ςχλή. Scriptum est in urbe Messaná, quae est sub potestate nostra, mense maio, indictione (◌́n) VIII, anno (ςχλή) 6638