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ACTE TROISIÈME

Je viens trop tard. Cœur orgueilleux,
N’as-tu donc pas voulu que celle qui te pleure
Fût consolée en mourant dans tes bras,
Et ne pouvais-tu pas m’attendre encore une heure,
Pour me laisser partager ton trépas ? —
Tristan, de grâce, attends !… je meurs… j’expire !

Elle tombe évanouie sur le corps de Tristan.




Scène TROISIÈME.



YSEULT, KOURWENAL, LE BERGER, LE PILOTE, BRANGAINE, MÉLOT, MARKE et sa Suite.


Kourwenal a suivi de près Yseult. Muet et dans une affreuse anxiété il a écouté la scène précédente, le regard fixé sur son maître. Soudain, du fond du théâtre, s’élève une sourde rumeur, mêlée d’un bruit d’armes. Le berger s’élance par-dessus le parapet.

LE BERGER.

Kourwenal, vois, un deuxième navire !

KOURWENAL,
tressaille et regarde par-dessus le parapet tandis que le berger tout ému contemple de loin Tristan et Yseult.

Mort de ma vie !

Au berger d’une voix furieuse.

Mort de ma vie ! Arme ton bras ! —
Marke ! — Mélot ! — Ils amènent main forte ! —
Des pierres ! — des armes ! — ferme la porte !