Yseult entre tout hors d’haleine. Tristan, incapable de se maîtriser, s’élance vers elle en chancelant. Il la rencontre au milieu de la scène ; Yseult le reçoit dans ses bras.
Tristan !
Il glisse dans les bras d’Yseult et tombe mourant sur le sol.
Yseult !
Tristan ! — Tristan ! âme trop fière !
Hélas, sans moi, vas-tu partir !
Entends ma voix ; — Yseult t’appelle ! —
Dans tes bras elle veut mourir ! —
M’as-tu trahi, cœur infidèle ? —
Ah ! pour une heure ouvre les yeux !
Le coeur brisé par d’affreuses alarmes,
J’ai tant souffert et versé tant de larmes ;
Ingrat, vas-tu tromper mes voeux ?
Accorde-moi cet instant plein de charmes,
Cette heure d’amour radieux ! —
Ta plaie ? — Oh ! viens que je la ferme ! —
Dans son sein maternel, que la nuit nous enferme,
Mais, ta blessure, non ! De grâce, n’en meurs pas ;
Que l’amour nous unisse, en un même trépas ! —
La flamme de la vie en ses yeux s’est éteinte.
Pleurs inutiles, vaine plainte !
Je me lamente et je ne peux
Me donner à celui que j’aime,
Dans un baiser suprême.