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ACTE TROISIÈME



Scène DEUXIÈME.



TRISTAN seul, puis YSEULT, puis KOURWENAL.


TRISTAN,
dans une agitation violente, cherchant à se soulever.

Ô jour béni, jour radieux !
Heure charmante, instant délicieux !
Ô pure extase ! Ô volupté ! —
Ô mon Yseult ! Ô ma beauté ! —
Sur ce lit de douleur faudra-t-il donc t’attendre ? —
Non ! non ! — J’irai vers toi, femme fidèle et tendre,
Quand mon ardente ivresse et mon fougueux transport
Devraient briser mon cœur, en un dernier effort !

Il se dresse sur son lit.

Ma blessure saignait, quand tu conquis mon âme,
Qu’elle saigne, à cette heure, où je conquiers ma femme.

Il arrache le bandage de sa plaie.

Coule, mon sang, coule et bondis :
Celle qui doit terminer mon supplice
Va bientôt se montrer à mes yeux éblouis ;
Qu’alors, pour moi, le monde entier s’évanouisse !

Il s’élance de sa couche, fait quelques pas en chancelant, et s’avance jusque vers le milieu de la scène, à la rencontre d’Yseult.

YSEULT,
du dehors.

Tristan, mon bien-aimé, c’est moi !

TRISTAN.

N’entends-je pas rayonner la lumière ? —
La torche s’est éteinte ! — à toi !