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ACTE DEUXIÈME

N’ont le pouvoir arbitraire et suprême,
En me fermant les yeux,
D’empêcher que Tristan ne t’aime. —

Enlaçant Yseult avec une tendresse de plus en plus passionnée.

Si dans tes bras, exauçant mon désir,
La mort me touchait de son aile,
Mon cœur glacé te resterait fidèle. —
L’amour, Yseult, peut-il mourir,
Si son essence est éternelle !

YSEULT.

Mais notre amour ne s’appelle-t-il pas
» Tristan et Yseult « ? — Ce mot qui nous lie :
» Et « cet anneau charmant d’une chaîne bénie,
Serait anéanti, brisé par ton trépas !

TRISTAN.

Et que pourrait briser cette mort que j’implore ?
L’obstacle seul qui nous sépare encore
Et qui t’empêche d’être à moi !

YSEULT.

Ah ! si tu meurs, Yseult meurt avec toi ! —
Comment ferais-je, hélas, pour te survivre ?
Ah ! pourrais-je ne pas te suivre !

TRISTAN,
attirant Yseult sur sa poitrine avec un geste plein de fougue et d’ardeur.

Mourons tous deux, pour vivre unis,
Dans l’espace sans limite,
Dans ce monde qui n’abrite
Ni douleurs, ni vains soucis.
Vers les plaines éternelles,
Tous les deux, ouvrons nos ailes !