Car, du seuil de la mort, où mon pied s’est posé,
J’ai contemplé la splendeur merveilleuse
De ce monde inconnu,
Que mes yeux n’avaient vu
Qu’à travers une ombre trompeuse. —
La beauté dont la gloire aveuglait mon amour,
Loin de l’éclat menteur du jour,
Par toi, philtre adoré, sort des vapeurs du rêve !
Mais le jour odieux t’a poursuivi sans trêve,
Et s’est bientôt vengé de toi,
En te forçant de livrer, à ton roi,
La main de celle, hélas, qui t’était destinée. —
Sous le fardeau d’un diadème d’or,
La pâle Yseult s’est inclinée. —
Et je l’ai pu souffrir ! et je le souffre encor !
Ah ! laissons ce mensonge infâme,
Dont le monde a voulu nous imposer la loi ;
Rien ne peut désormais me séparer de toi ! —
De sa vaine splendeur, de l’orgueil de sa flamme,
Le jour n’aveugle plus nos yeux ;
Son éclat décevant, qui nous est odieux,
Perd sa puissance redoutable. —
J’ai fixé mon regard dans la nuit du trépas
Et j’ai surpris son mystère ineffable ;
Les vains honneurs, pour moi, n’ont plus d’appas
Et la gloire n’est rien qu’une vague chimère,
Un mirage éphémère,
Qu’un souffle jette à bas ! —
Un seul espoir m’anime, un seul désir me reste ;
L’ardente volupté de plonger dans la nuit,