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ACTE PREMIER



Scène QUATRIÈME.



Les Mêmes, KOURWENAL, entrant brusquement, en écartant les tentures.


KOURWENAL.

Alerte ! Alerte ! l’heure presse !
La terre est proche et nous sommes au but !

S’adressant à Yseult.

Tristan, mon maître, à votre Altesse,
De ses respects présente le tribut. —
Déjà le drapeau d’allégresse
Flotte gaîment à la cime du mât.
C’est vous, madame, qu’il signale,
À votre demeure royale. —
Pour vous conduire, en apparat,
À l’époux qui doit vous attendre,
Tristan, bientôt, viendra vous prendre.

YSEULT,
troublée d’abord à l’entrée de Kourwenal, a rapidement reconquis son calme et répond avec dignité.

À ton maître, offre mes saluts
Et va lui porter mon message : —
S’il veut s’épargner un refus,
S’il veut qu’on le suive au rivage,
Qu’il vienne tout d’abord me rendre hommage,
Qu’il vienne racheter l’affront,
Qui m’a blessé le coeur ; — qu’il courbe enfin le front.

Kourwenal fait un geste de révolte. Yseult reprend avec une insistance marquée.

Écoute bien et retiens mes paroles ;
Je ne fais point de menaces frivoles,
Je dicte une inflexible loi : —
S’il veut que je suive sa trace,