Page:Wagner - Sur les Poèmes symphoniques de Franz Liszt, 1904, trad. Calvocoressi.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 29 —

préhensif, de franchir. Peut-être ma pensée est-elle insuffisamment claire : je laisse à nos grands professeurs d’esthétique, dont le nombre augmente chaque jour, le soin d’en réaliser dialectiquement la signification. Mais ce dont je suis sûr, c’est que tout être doué d’un cerveau et d’un cœur me comprendra bien, après avoir entendu les poèmes symphoniques de Liszt, son Faust, et son Dante ; car c’est là que moi-même j’ai trouvé la solution du problème qui nous occupe.

Je n’en veux pas le moins du monde à ceux qui, jusqu’à présent, doutaient de la viabilité d’une nouvelle forme de l’art de la musique instrumentale ; j’avoue avoir ressenti ce même doute, et m’être associé à ceux qui considéraient nos musiques à programme comme autant d’innovations fâcheuses. C’est alors que m’advint cette chose étrange, d’être compté au nombre des musiciens à programme, et fourré dans le même sac qu’eux.

Même lorsque j’écoutais une des belles œuvres de cette catégorie (il en est de véritablement géniales), il m’arrivait toujours de perdre absolument le fil de la musique ; pour le conserver comme pour le retrouver, tout effort était vain.