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noble des arts, l’art libérateur. Elle possède cette qualité essentielle, que par elle et en elle tout ce que les autres arts ne peuvent qu’indiquer devient une indubitable certitude, une vérité directe et qui s’impose. Voyez la plus vulgaire des danses, écoutez les pires vers de mirliton : même là, la musique (dans la mesure où elle s’y associe sérieusement et n’est pas une caricature intentionnelle) exerce son influence ennoblissante. Elle est en effet, de par sa gravité propre, tellement pure et tellement merveilleuse, qu’elle illumine tout ce qu’elle touche.

Il est tout aussi évident, tout aussi certain que la musique ne peut être réalisée que sous des formes dérivées d’une manifestation de la vie, de circonstances étrangères en principe à cette musique, mais qui n’acquièrent leur complète valeur que grâce à elle, grâce à la mise au jour de ce que de tels éléments contiennent de musique latente.

Rien de moins absolu que la musique, — j’entends dans ses manifestations. Évidemment, les partisans d’une musique absolue ne comprennent point leur propre pensée. Pour leur prouver leur erreur, il suffirait de leur demander qu’ils nous fassent connaître une musique