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sence, non d’une reproduction, mais bien d’une véritable production. Or, caractériser exactement le point par où les deux formes d’activité se différencient, c’est là chose infiniment plus difficile qu’on ne le croit d’ordinaire. Mais il est une certitude que j’ai acquise, c’est que, pour pouvoir reproduire Beethoven, il faut être capable de produire avec lui. Et cela, il serait impossible de le faire comprendre aux gens qui de toute leur vie n’ont entendu autre chose que nos habituelles exécutions au concert des œuvres de Beethoven, et les interprétations des virtuoses, sur la qualité et la valeur desquelles mon opinion s’est, avec le temps, faite si piètre, que je ne veux affliger personne en la révélant plus au long. Par contre, je demande à tous ceux qui ont entendu Liszt jouer, pour ses intimes, les œuvres 106 ou 111 de Beethoven (les deux grandes sonates en si bémol et en ut), ce qu’ils savaient, auparavant, de ces productions, et ce qu’ils ressentirent en les entendant alors. Si c’était là une reproduction, la valeur, certes, en était plus grande que celle de tant de sonates où Beethoven est reproduit, et que nos compositeurs de musique de piano « produisent » en imitant les œuvres encore mal comprises du