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quelque chose. Mais cela n’ira pas sans nous amener à toucher le nœud même de la question. Pour caractériser la signification tangible de l’œuvre d’art, la partie purement formelle de celle-ci, nos esthéticiens et nos connaisseurs d’art ont réuni un si bel assortiment de termes et de façons de dire, que l’on n’est vraiment jamais embarrassé, avant du moins que d’avoir à expliquer quelque chose dont justement tous ces messieurs n’aient pas encore eu conscience. Je vais donc choisir dans les œuvres de Liszt, pour vous en entretenir, ce qui s’y trouve de manifeste et de tangible. Il vous en faudra vous contenter ; pour le reste, rappelez-vous mon silence lors de l’audition.

Je commence par le côté le plus extérieur de la question, par la façon dont les gens envisagent Liszt. Celui-ci est connu comme virtuose, un virtuose dont la carrière est infiniment éblouissante et triomphale, et cela suffit pour que la foule sache à quoi s’en tenir sur son compte. Or cette foule, maintenant, est rendue perplexe par la retraite du virtuose et son hardi début comme compositeur : que doit-elle penser de tout cela ? D’abord, il est bien ennuyeux que pareil fait ne se soit jamais produit, et surtout qu’un musicien