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seulement insensé, mais aussi impossible, de chercher à m’exprimer sur ce qui était devenu musique précisément parce qu’on ne pouvait l’exprimer. Qui n’a pas essayé déjà de noter avec des mots des impressions musicales ? Et, entre ceux-là, seul quiconque n’a pas ressenti la véritable impression peut s’imaginer qu’il a bien réalisé son intention. Un homme aussi plein de ces véritables impressions que l’était par exemple Liszt, lorsqu’il écrivait sur la musique, aura toujours, pour écrire, à lutter avec les mêmes inouïes difficultés que ce dernier. Et, après avoir tenté de rendre possible, grâce à cet art de l’expression verbale que seul un musicien de génie pourrait acquérir, cette chose qui est impossible, il sera forcé de convenir qu’il ne peut encore être compris que par un musicien d’intelligence équivalente, mais pas le moins du monde par un lecteur aux tendances purement littéraires. À de tels personnages, en effet, Liszt fait ce compliment, que leur langage, leurs phrases sont incompréhensibles, insipides, fastidieuses, etc.

Ainsi que dois-je bien vous dire ? Tout compte fait, il faudra m’en tenir à vous expliquer avec quelque détail l’impossibilité où je suis de dire