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SOUVENIRS

poème ; et comme j’assurais qu’il était composé d’après une pièce très sérieuse de Shakespeare, on se contenta de la modification du titre, qui, surtout, semblait choquant, tandis que la dénomination la Novice de Palerme ne paraissait rien contenir de scabreux, et que nul autre scrupule ne s’était élevé au sujet de l’impropriété de ce second titre.

Je n’eus pas la même chance à Leipzig, où, peu de temps après, j’essayai de glisser ma nouvelle œuvre en remplacement de mes Fées, sacrifiées. J’espérais amadouer et gagner à mon projet le directeur du théâtre en adjugeant le rôle de Marianne à sa propre fille qui débutait dans l’opéra ; mais il trouva dans la tendance du sujet, qu’il avait comprise, un prétexte fort présentable de repousser mon œuvre. Il prétendait que si le magistrat de Leipzig en permettait la représentation, ce dont il doutait fort par respect pour cette autorité compétente, en tous cas lui-même, en père consciencieux, ne laisserait pas sa fille y figurer.