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SOUVENIRS

nage ; car c’est ici que Lucie doit gagner d’abord le vrai chef de leur entreprise : voici l’endroit même du prétendu rendez-vous avec le gouverneur, l’endroit dont Isabella, dans son arrogance, lui a livré le secret. C’est Friedrich que guette Lucio : il le reconnaît en effet, sous un masque qui le dissimule avec soin, il l’arrête au passage, et, l’autre se dégageant avec énergie, il va le poursuivre à grands cris, et flamberge au vent ; mais il est lui-même retenu et égaré par les soins d’Isabella, cachée dans un bosquet voisin. Isabella sort alors du bosquet ; elle se réjouit de la pensée qu’à l’instant même l’époux infidèle est rendu à cette Marianne qu’il avait trahie ; aussitôt, croyant tenir en main la lettre de grâce promise, elle est sur le point de renoncer débonnairement à toute vengeance ultérieure, quand, ayant décacheté l’écrit à la lueur d’une torche, elle reconnaît avec épouvante l’ordre d’exécution aggravé, cet ordre qui, grâce à la corruption du geôlier, fut remis entre ses mains, à ce