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DÉFENSE D’AIMER

pour sa part de l’écarter d’elle de tout son pouvoir : il mettrait plutôt tout Palerme à feu et à sang.

Enfin il prend des mesures pour que tout ce qu’il a d’amis et de connaissances se réunisse ce soir-là à la sortie du Corso, sous prétexte d’inaugurer la grande mascarade interdite du carnaval. Là, à la tombée de la nuit, au moment où déjà la joie et la turbulence entrent en branle, Lucio se présente avec une chanson extravavagante de circonstance ayant pour refrain :

À quiconque avec nous n’exulte pas en chœur,
Enfoncez le poignard au cœur !

Il parvient à provoquer la multitude à la révolte ouverte et sanglante. Au moment où une bande de sbires, sous les ordres de Brighella, s’approche pour disperser la foule bigarrée, le plan séditieux doit déjà entrer en exécution ; mais Lucio réclame pour l’instant une dernière concession, celle de se disperser dans le voisi-