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SOUVENIRS

ont entraîné ce frère, à ce cœur dont elle invoque en ce moment la propre expérience pour l’aider en sa requête pleine d’angoisse. La glace est maintenant rompue : Friedrich, ému au plus profond de l’être par la beauté d’Isabella, ne se sent plus maître de lui-même. Il promet de lui accorder ce qu’elle demande, au prix de son propre amour. À peine s’est-elle rendu compte d’avoir causé cet effet inattendu, qu’en un accès de la plus vive indignation contre une si inconcevable infamie, elle court à la porte et à la fenêtre, appelant le peuple afin de démasquer l’hypocrite aux yeux du monde entier. Déjà la foule soulevée fait irruption dans la salle du tribunal, quand Friedrich, grâce aux efforts d’une énergie désespérée, parvient à démontrer à Isabella, au moyen de quelques indications significatives, l’impossibilité de réussir dans son dessein : il contesterait hardiment son accusation, il expliquerait la proposition qu’il lui a faite comme un moyen d’épreuve, et sans aucun doute on ajouterait foi