Page:Wagner - Souvenirs, 1884, trad. Benoît.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
DÉFENSE D’AIMER

commandant le silence, fait son entrée au milieu du déchaînement tumultueux de la populace, et quand l’interrogatoire de Claudio est entrepris par le gouverneur lui-même dans des termes rigoureux. Déjà l’inexorable juge va prononcer la sentence. Survient Isabella, demandant avant tout de l’entretenir seul à seul. Pendant cet entretien, elle se maîtrise avec une noble réserve en face de cet homme qu’elle redoute et méprise pourtant, tout en ne s’adressant d’abord qu’à son indulgence et à sa miséricorde. Les objections qu’il lui oppose augmentent la chaleur de ses sentiments : elle présente sous un jour touchant la faute de son frère, elle implore le pardon d’une erreur si humaine, et nullement inexcusable. Remarquant l’impression produite par son chaleureux exposé, elle continue avec une ardeur toujours croissante, elle en appelle à ce cœur de juge qui maintenant se ferme avec tant de dureté, à ce cœur qui ne peut pas être toujours resté entièrement fermé aux mêmes sentiments qui