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DÉFENSE D’AIMER

Magdebourg, où j’avais conduit l’opéra pendant deux saisons d’hiver[1]. De mon contact immédiat avec le train de l’opéra allemand, une étrange dépravation était résultée, qui se remarquait alors dans tout le plan et l’exécution de cette œuvre, au point que personne n’aurait certainement reconnu dans l’auteur de cette partition le jeune enthousiaste de Beethoven et de Weber.

Voici maintenant quel fut son destin.

En dépit d’un appui royal, et malgré l’immixtion du Comité du théâtre dans l’administration, notre digne directeur restait empêtré dans une perpétuelle faillite, et il n’y avait pas à songer à la continuation de son entreprise théâtrale sous n’importe quelle forme. Il fallait donc que la représentation de mon opéra, par l’excellent personnel du chant, tout à mes ordres, devînt le point de départ d’un changement complet dans ma position

  1. Voir l’Esquisse autobiographique.