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SOUVENIRS

à peu près achevée dans ma tête. Naturellement je n’eus rien de plus à cœur que de chercher à faire promptement représenter cet opéra en Allemagne : de Munich et de Leipzig on me répondit par cette formule de refus, que l’œuvre ne convenait pas à l’Allemagne. Naïf que j’étais, j’avais cru qu’elle ne convenait qu’à l’Allemagne, parce qu’elle touchait des cordes qui ne sont en état de vibrer que chez l’Allemand.

Je finis par envoyer mon nouveau travail à Meyerbeer à Berlin, en le priant de le faire recevoir au Théâtre royal de cette ville. La chose fut faite assez vite. Mon Rienzi étant déjà reçu au théâtre royal de Dresde, j’envisageai la représentation de deux de mes œuvres sur les premières scènes allemandes, et je fus involontairement obsédé de cette pensée, que par une fortune singulière Paris m’avait été du plus grand secours pour l’Allemagne. Quant à Paris même, je n’y avais maintenant plus rien en perspective de quelques années :