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SOUVENIRS

Leipzig, au commencement de 1834, et je la présentai au directeur du tliéâtre de cette ville. Malgré sa bonne volonté tout d’abord déclarée de se prêter à mon désir, je dus bientôt faire l’expérience d’une chose que tout compositeur allemand a l’occasion d’apprendre aujourd’hui : par suite du succès des auteurs français et italiens, nous avons perdu tout crédit sur notre scène nationale, et l’exécution de nos opéras est une faveur qu’il faut mendier. L’exécution de mes Fées fut trahiée en longueur. Pendant ce temps, j’entendis la Devrient[1]

  1. Schroeder-Devrient (Wilhelmine), née à Hambourg (6 octobre 1805), morte à Cobourg (26 janvier 1860) ; fille de l’actrice célèbre Sophie Schrœder : débuta à Vienne dans la tragédie (Phèdre de Racine, rôle d’Aricie ; drames de Schiller) ; puis, ayant étudié le chant, aborda la scène lyrique le 20 janvier 1820 (rôle de Pamina, Flûte, enchantée), avec un succès éclatant..., à quinze ans, s’il faut en croire ces dates de Fétis ; continua avec Fidelio, Euryanthe, Oberon, Don Juan ; épousa à Berlin (1823) l’acteur Devrient (Charles-Auguste), engagé peu après à Dresde avec elle. — Wagner, qui la cite très souvent dans ses écrits avec une admiration profonde, l’entendit pour la première fois à Leipzig en 1831, ainsi qu’il le dit ici ; mais il ne fit vraiment connaissance avec elle qu’après être revenu de Paris, pendant le deuxième séjour qu’elle fit à Dresde, et qui dura de 1837 à 1847. Elle chanta dans Rienzi sous la direction de l’auteur.