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SOUVENIRS

sifal à Bayreuth, n’est sans doute pas étranger à cette mort si inattendue. Ceux qui l’ont vu à Bayreuth ne se sont aperçus de rien, ils ont même trouvé au maître une mine resplendissante, une vivacité de jeunesse qui étonna ses intimes. Mais le feu de l’action convenait à sa nature extrêmement nerveuse. La bataille finie, la réaction ne tarda pas à se manifester, et il n’y eut pas longtemps d’illusion à conserver sur l’affaissement très réel de sa santé. Il y a un mois, des nouvelles alarmantes se répandirent en Allemagne, même le bruit de la mort du maître courut un moment. Wagner, du reste, se rendait si bien compte de son état, que sur le conseil de ses médecins, il se préparait à entreprendre, avec son fils Siegfried, un voyage dans le sud de l’Italie, voyage en vue duquel il avait pris de l’argent chez son banquier.

Ce voyage ne devait pas s’accomplir.

Mardi, vers 3 heures, au moment où il allait s’embarquer sur sa gondole, com-