Page:Wagner - Souvenirs, 1884, trad. Benoît.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
SOUVENIRS

efforts ! Qu’est-ce que je vous aurais apporté, au contraire, si jadis, à Paris, je m’étais plié aux exigences de l’opéra français, si je m’y étais ainsi assuré une place et peut-être des succès analogues à ceux de maint autre musicien allemand ? Je suis sûr que je n’aurais pas pu achever un seul opéra tout à fait conforme au modèle parisien. Aussi suis-je heureux d’avoir pu vous saluer dans mon petit Bayreuth. Ici vous avez, grâce à moi, connu quelque chose de nouveau, et je n’aurais pas pu vous le donner à Paris.

« De si douces expériences, si rares qu’elles soient, sont et resteront ma seule récompense ; quant à un succès plus grand, quant à un mouvement plus grand en Allemagne même, je n’y crois plus. Je suis resté plus éloigné de la sphère où se renferme le mouvement intellectuel de l’Allemagne contemporaine, que des régions où je rencontre les esprits sérieux de l’étranger, si différentes pourtant de cette soi-disant culture allemande. C’est peut-être là