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UNE LETTRE DE RICHARD WAGNER

point pour cela l’esprit français ; mais on met naturellement en lumière ce qui est, dans l’esprit français, en contradiction avec les qualités propres de l’esprit allemand, et ce dont l’imitation serait funeste pour nos qualités nationales.

« Quel est le défaut qui est le plus vivement reproché à vos compatriotes par les Français les plus cultivés et les plus libres d’esprit ? C’est l’ignorance de l’étranger et le mépris qui en résulte pour tout ce qui n’est pas français. De là, dans la nation, une vanité et une arrogance apparentes qui devaient, à un moment donné, être punies. Mais, moi, j’ajoute que ce défaut des Français doit être excusé, car chez leurs voisins les plus proches, les Allemands, il n’y a rien qui puisse les inviter à étudier une civilisation différente de la leur. Tout ce qui est extérieurement visible dans la culture allemande porte la marque ou bien d’une grossièreté barbare, ou bien d’une servile imitation de la France. Et comme cette imitation est mala-