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HISTOIRE D’UNE SYMPHONIE

devait causer de la surprise à ma femme, et je pensai qu’il valait mieux lui ôter à l’avance tout espoir de trouver dans ma symphonie quelque trace de sentiment ; si l’œuvre portait la marque de Richard Wagner, tout au plus serait-ce cette confiance illimitée en lui-même, qui, dès cette époque, l’empêchait de douter de rien, et le mettait complètement à l’abri de cette mesquine humilité dont on ne tarda pas à voir naître et se développer, chez les Allemands, la toute-puissante influence. Cette confiance en moi-même, je ne la tirais pas seulement de ma sûreté de main comme contrapontiste (qualité qui, dans la suite, me fut contestée plus que toute autre par un musicien de la Cour à Munich, Strauss), mais aussi d’un grand avantage quej’avais sur Beethoven. En effet, tout en m’arrêtant au point de vue de sa deuxième symphonie, j’étais alors complètement familiarisé avec l’Héroïque, avec celles en ut mineur et en la majeur, toutes œuvres dont le maître n’avait nulle idée, ou tout au