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SOUVENIRS

s’apercevoir, à sa grande confusion, qu’il n’a fait que bégayer les œuvres de ses modèles préférés ; il soupire après l’indépendance, et sa liberté date du jour où il s’est rendu parfaitement maître de la forme. C’est ainsi que le mélodiste anticipé devient contrapontiste ; il ne se soucie plus de mélodies, mais seulement de thèmes et de la façon de les traiter ; il se délecte dans les stretfes de fugue, dans la combinaison de deux ou trois motifs ; il fait des orgies de contrepoint, il épuise tous les artifices imaginables. — Ce furent tous les progrès faits par moi dans ce sens (sans renoncer toutefois à mes grands modèles symphoniques, Mozart et surtout Beethoven), qui étonnèrent l’excellent Rochlitz, quand il découvrit que l’auteur de la symphonie était un jeune homme de dix-neuf ans.

Pour moi, la résurrection de cette œuvre précoce me fit tâcher de me préciser à moi-même les vraies raisons pour lesquelles je cessai d’écrire des symphonies. — L’audition