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HISTOIRE D’UNE SYMPHONIE

tard les choses prirent une tout autre tournure. Je m’adonnai à l’opéra ; au Gewandhaus, quelques années après, un nouvel état de choses, moins commode et moins agréable, commença avec la direction de Mendelssohn. Émerveillé des talents du jeune maître, j’essayai de l’approcher pendant le séjour que je fis alors à Leipzig (1834 ou 1835). À cette occasion, je ne sais quel singulier sentiment me poussa à lui présenter, ou plutôt à lui imposer le manuscrit de ma symphonie, en le priant, non de l’examiner, mais seulement de le conserver. « Après tout, pensai-je, peut-être y jettera-t-il les yeux, et m’en dira-t-il quelque chose. » Mais il n’en fut rien. — Les années passèrent, et les hasards de ma profession me rapprochèrent fréquemment de Mendelssohn ; nous nous rencontrâmes, nous dînâmes ensemble, une fois, à Leipzig, nous fîmes de la musique ; il assista à la première représentation de mon Hollandais errant à Berlin, et fut d’avis qu’elle n’avait pas été un four complet,