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SOUVENIRS

sur les scabreuses complaisances de Rossini pour la société, fort mêlée, dont son salon était encombré chaque soir ; je ne crus nullement devoir tenir pour fausse cette anecdote, qui, notamment aussi dans les feuilles allemandes, mettait les gens en grande joie. Nulle part il n’en fut fait mention sans qu’on l’accompagnât d’éloges sur la spirituelle malice du maître. Rossini n’en jugea pas moins convenable, ayant appris la chose, d’écrire à un directeur de journal pour protester très expressément contre cette mauvaise blague, comme il disait ; il assurait qu’il ne se croyait pas le droit de porter un jugement sur mon compte, ayant seulement entendu jouer à un orchestre de ville d’eau allemande, par hasard, une marche de ma composition, qui, d’ailleurs, lui avait fait grand plaisir ; il ajoutait qu’il professait trop d’estime à l’égard d’un artiste qui tentait d’agrandir le domaine de son art, pour se permettre des plaisanteries sur son compte.