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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

sérieusement entondue. Amer fut le ressentiment qu’il éprouva tout d’abord à la seule nouvelle des sommations pressantes qui lui furent adressées de Dresde, pour y revenir à jour fixe répéter le Trouvère ou les Huguenots.

Ce sentiment de désaccord, cette sombre inquiétude, j’avais fini par les partager ; une belle soirée, la dernière du séjour qui nous avait réunis, nous en affranchit encore. Le roi avait commandé, au théâtre de la Résidence, une audition privée où devaient être exécutés des morceaux détachés de mes diverses œuvres. Tannhæuser, Lohengrin, Tristan, l’Or du Rhin, la Walkyrie, Siegfried, et enfin les Maîtres chanteurs, avaient fourni chacun un morceau caractéristique, le tout chanté et exécuté à grand orchestre sous ma direction personnelle. Schnorr, qui entendait là, pour la première fois, mainte chose nouvelle de moi, chanta pour sa part, avec une beauté et une vigueur étonnantes, le Chant d’amour de