son séjour à Munich, prit une teinte toujours plus sombre. Pour finir, il parut encore dans le personnage d’Éric, du Hollandais errant ; il soutint ce diffîcile rôle épisodique de façon à exciter au plus haut point notre admiration, de façon même à nous donner réellement le frisson, par la véhémence étrangement sinistre qu’il fit éclater comme un feu sombre et dévorant, dans les souffrances de ce jeune chasseur du Nord, malheureux dans son amour ; d’ailleurs il ne faisait en cela que se conformer au désir que je lui avais exprimé à ce sujet. Ce soir-là, il me donna à comprendre, par de brèves allusions seulement, quel profond désaccord le séparait du milieu où il vivait. Il semblait qu’il eût conçu des doutes soudains au sujet de la réalisation des plans et des projets qui faisaient notre bonheur ; il paraissait ne pas pouvoir comprendre comment, de cet entourage froid, complètement indifférent, nous espionnant même avec une perfidie haineuse, devait sortir, pour notre œuvre, une prospérité
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