Page:Wagner - Souvenirs, 1884, trad. Benoît.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
SOUVENIRS

pas d’autre expédient que d’accepter des engagements de théâtre, de se faire ténor, à peu près comme Liszt, dans un cas analogue, s’est fait pianiste.

Voici qu’enfin la protection d’un prince aux sentiments élevés, et précisément favorable à mon idéal d’art allemand, allait permettre d’implanter en notre civilisation la branche dont la croissance et le développement eussent fécondé le sol pour des exécutions artistiques vraiment allemandes : et certes il était temps que cet allégement fut apporté au courage accablé de mon ami. C’est là, que se cachait le ver rongeur, dévorant la gaité de cet artiste et ses forces vitales. J’acquis de ce fait une conviction de plus en plus claire, en remarquant, non sans surprise, avec quelle véhémence passionnée, rageuse même, il résistait aux inconvenances qui, justement, sont d’un retour constant dans ces rapports de théâtre, où l’esprit borné des bureaucrates s’unit au manque de conscience des comédiens ; à ces