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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

aussi à un prix non médiocre les souffrances qu’avait à endurer le jeune artiste à l’âme profonde, au talent noble et sérieux, dans sa position de chanteur d’opéra, dans son assujettissement à un règlement de théâtre imaginé contre les héros de coulisses récalcitrants, dans sa soumission aux ordres de chefs de service suffisants et mal élevés.

Schnorr était né poète et musicien ; ainsi que moi, il passa d’une éducation classique générale à l’étude particulière de la musique ; il est très vraisemblable qu’il serait déjà parvenu de bonne heure à la voie où il aurait suivi, d’intention et de fait, ma propre direction, s’il ne s’était pas produit chez lui ce développement de l’appareil vocal, qui, en sa qualité d’organe inépuisable, devait servir à réaliser mes visées les plus idéales, et qui, par conséquent, devait l’associer directement à ma carrière, en apportant un complément à la tendance propre de ma vie. Dans cette situation nouvelle, notre civilisation moderne n’offrait