diose, ont été profondément saisis et remués, comme s’il leur avait été donné d’assister réellement à un prodige. Quant à ce passage de Tannhæuser, à Dresde déjà, il y a beau temps de cela, je fus obligé de le supprimer après la première représentation, car Tichatscheck, alors dans tout l’éclat de ses moyens vocaux, ne put arriver, conformément aux dispositions de son talent dramatique, à s’assimiler l’expression de ce passage, qui est celle d’une contrition extatique, et tomba au contraire, pour quelques notes élevées, dans un véritable épuisement physique. Si donc j’atteste que non-seulement Schnorr rendait ce passage avec la plus émouvante expression, mais encore qu’il faisait entendre ces cris aigus d’une violente douleur avec une véritable plénitude de son et une parfaite beauté, je n’ai certes pas l’intention par là de déprécier la voix de Tichatscheck au profit de celle de Schnorr, comme si cette dernière avait surpassé l’autre en puissance naturelle, seulement, je revendique
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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR