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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

que de la première à la dernière mesure, toute l’attention, tout l’intérêt, se concentraient exclusivement sur l’acteur, sur le chanteur, restaient enchaînés à sa personne ; qu’il n’y eut pas un seul instant de distraction ou d’absence pour un simple mot du texte ; bien plus, que l’orchestre disparaissait complètement devant le chanteur, ou plutôt, pour mieux dire, semblait enveloppé dans son exécution même. D’ailleurs, à celui qui a étudié de près la partition, j’aurai certainement tout dit, pour lui dépeindre la grandeur incomparable de l’interprétation de mon ami, en lui rapportant ce fait, qu’après la répétition générale, les auditeurs sans parti pris promettaient déjà, à cet acte même, l’effet le plus populaire, et lui prédisaient un succès universel.....

En assistant à ces représentations de Tristan qu’il nous a été donné de connaître, j’éprouvai d’abord, au sujet du prodigieux exploit de mon ami, un étonnement respectueux, qui grandit jusqu’à se changer en un véritable effroi. Je