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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

ment approximative ; je suis persuadé que le seul moyen de fixer pour la réflexion ultérieure ce prodige si formidablement fugitif, l’art de l’interprétation par la musique et la mimique combinées, consiste à recommander pour l’avenir, aux amis sincèrement portés pour ma personne et pour mon œuvre, de prendre en main, avant tout, la partition de ce troisième acte. Ils n’auraient tout d’abord qu’à scruter l’orchestre plus à fond, à y poursuivre, du commencement de l’acte jusqu’à la mort de Tristan, les motifs musicaux qui sans relâche émergent, s’épanouissent, se marient, se séparent, puis de nouveau se confondent, grandissent, s’effacent, puis enfin entrent en lutte, s’enlacent, se dévorent presque les uns les autres ; ils auraient ensuite à remarquer que ces motifs, dont la signification expressive exigeait la plus minutieuse harmonisation, en même temps qu’une orchestration du mouvement le plus indépendant, expriment une vie passionnelle alternant entre le plus extrême