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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

démoniaque d’un despotisme presque égal à celui par lequel, au premier acte, l’invocation à Marie avait fait réapparaître miraculeusement le monde du grand jour, le monde de la patrie chrétienne. Dans cette dernière explosion d’un désespoir frénétique, Schnorr était véritablement effrayant, et je ne crois pas que Kean et Ludwig Devrient, dans le rôle de Lear, aient pu atteindre à une plus grande puissance.

L’impression qui en résulta sur le public fut pour moi fort instructive. Plus d’un passage, comme la scène presque muette qui suit le désenchantement du Venusberg, produisit, dans son vrai sens, un effet émouvant, et provoqua des explosions impétueuses et unanimes du sentiment général. Pourtant, dans l’ensemble, je remarquai plutôt de la simple surprise et de l’étonnement ; les parties tout à fait nouvelles, notamment, telles que le passage discuté, et, d’ailleurs, toujours supprimé du second finale, déroutèrent le public dans ses habitudes, pres-