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MES SOUVENIRS SUR SCHNORR

dépeignait comme grave son étal de santé ; on me disait qu’il était affligé d’une obésité défigurant sa tournure juvénile. Ce furent surtout les idées éveillées en moi par ce dernier avis qui m’indisposèrent. Quand je visitai pour la première fois Karlsruhe pendant l’été de 1861, l’exécution du projet précédemment arrêté fut remise en train, grâce à la persévérance amicale des bonnes dispositions du grand-duc pour moi ; mais je persistai à éprouver une sorte de répugnance pour la proposition que la direction me fit d’entrer en pourparlers avec Schnorr, alors engagé au théâtre royal de Dresde ; je déclarai que je n’avais pas la moindre envie de faire la connaissance personnelle de ce chanteur ; car je craignais, étant donnée son infirmité, que les idées grotesques évoquées par sa tournure pourraient me prévenir contre ses réelles qualités d’artiste, au point de m’y rendre insensible.

Une exécution de ma nouvelle œuvre à Vienne, projetée sur ces entrefaites, n’ayant pu